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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/227

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formes des vertus les plus aimables. La politesse, dans ces assemblées, avoit toute l’aisance et toute la grâce que peuvent lui donner l’habitude prise dès l’enfance et la délicatesse de l’esprit ; la médisance étoit bannie de ces conversations générales ; son âcreté ne pouvoit s’allier avec le charme de douceur que chaque personne y apportoit. Jamais la discussion n’y dégénéroit en dispute. Là se trouvoit, dans toute sa perfection, l’art de louer sans fadeur et sans emphase, de répondre à un éloge sans le dédaigner et sans l’accepter ; de faire valoir les autres sans paroître les protéger, et d’écouter avec une obligeante attention. Si toutes ces apparences eussent été fondées sur la morale, on auroit vu l’âge d’or de la civilisation. Étoit-ce hypocrisie ? non, c’étoit l’écorce des anciennes mœurs, conservée par l’habitude et le bon goût, qui survit toujours quelque temps aux principes, mais qui, n’ayant plus alors de base solide, s’altère peu à peu, et finit par se gâter et se perdre à force de raffinement et d’exagération.

Dans les cercles moins étendus de cette même société, on montroit beaucoup moins de circonspection ; le ton, qui ne cessoit ja-