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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/229

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vocables. À qui en appelleroit-on, lorsqu’il n’existe pas de puissance souveraine à laquelle il soit possible de recourir ? Quand on ne trouve plus dans le monde cette prééminence d’une société établie d’un sentiment unanime, arbitre du bon goût, dispensatrice des éloges les plus désirables, et juge de toutes les convenances, l’arme puissante du ridicule est brisée ; et c’est pourquoi il n’y a point de ridicules chez les peuples grossiers ou tombés dans la barbarie, et même parmi ceux qui ont été, durant long-temps, agités par de violentes secousses politiques. Après de tels orages, l’essentiel et le plus pressé est de rétablir les principes ; mais les grâces ne s’organisent point, on ne les rappelle point par des édits ; elles prennent aisément la fuite, il faut du temps pour les ramener. Le seul ridicule qui puisse subsister dans la décadence même du bon goût, est celui de la sottise unie à l’insolence ; celui-là sera toujours universellement senti, dans tous les pays et chez toutes les nations.

Pour achever de peindre la grande société du dix-huitième siècle, il faut dire encore que, dans ses comités les plus intimes, on