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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/299

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tôt qu’elle eut atteint l’âge où l’on peut être mariée, M. de Fleurieu en devint amoureux, et l’épousa. C’est une constance de filiation dont je ne connois pas d’autre exemple.

J’avois pris aussi un maître de langue angloise ; et, comme j’avois une très-grande mémoire, je lisois couramment les poëtes au bout de cinq mois. Je ne perdois pas un moment ; quand j’allois à Versailles, je m’arrangeois pour y aller communément toute seule, afin de pouvoir lire en voiture. J’écrivois tous mes extraits dans des petits livres blancs ; j’en portois toujours un sur moi, afin de lire quelque chose dans les petits momens perdus. Je n’ai jamais laissé échapper une occasion de faire parler ceux que je rencontrois sur les choses qui pouvoient m’instruire, les étrangers sur leur pays, les voyageurs sur leurs voyages, les artistes sur leur, art, etc. De cette manière, j’ai tiré un parti fort utile de beaucoup de gens ennuyeux d’ailleurs ; et j’écrivois le jour même tout ce que dans ces entretiens je recueillois d’intéressant ou de nouveau pour moi. J’avois entendu conter que M. d’Aguesseau avoit fait en plusieurs années quatre volumes in-4o, en employant douze ou quinze