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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/300

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minutes tous les jours, que madame d’Aguesseau mettoit constamment à se rendre dans la salle à manger, depuis l’annonce du dîner. Je profitai de cet exemple. L’heure du dîner du Palais-Royal étoit fixée à deux heures, mais madame la duchesse de Chartres n’étoit jamais prête qu’un quart d’heure après, et, quand je descendois à l’heure convenue, il falloit toujours attendre quinze ou vingt minutes. Je chargeai un valet de chambre de venir m’avertir quand elle passoit dans le salon. J’étois toute prête à deux heures précises ; et, jusqu’au moment où l’on venoit me chercher, j’employois ce temps à écrire à main posée, d’une écriture très-fine, un choix de vers de différens auteurs, ce qui avoit formé, quand je suis sortie du Palais-Royal, un recueil de mille vers, qui est très-curieux, puisqu’il commence par les vers les plus gothiques et les plus anciens que nous ayons. Ce recueil, qui n’a point été perdu, est aujourd’hui entre les mains de madame la comtesse de Choiseul (née princesse de Bauffremont). J’avois épuisé en trois ans la bibliothèque du chevalier de Durfort. Je fis connoissance avec l’abbé des Aulnais, premier bibliothécaire de