on n’avoit parlé que de politique, il fit la lecture de ses extraits. On l’écouta attentivement, et lorsqu’il eut fini, les auditeurs se regardèrent en souriant, et il y eut un moment de silence. Mirval, qui n’étoit pas accoutumé à un accueil aussi froid, ne savoit que penser : un auteur qui tombe dans une lecture de société doit être en effet très-surpris ; ce n’est pas un événement ordinaire. Mirval déconcerté remettoit son manuscrit dans sa poche ; lorsque Célinte, prenant enfin la parole : « Mais, monsieur, lui dit-elle, d’où venez vous ? — De Montreuil, madame, où j’ai passé huit jours dans une solitude absolue. — On le voit bien. Ici, Busseuil et Delmont éclatèrent de rire. Quoi ! reprit Célinte, vous imaginez de faire deux extraits, sans prendre la moindre information sur les auteurs !… — Il me sembloit qu’il suffisoit de connoître les ouvrages. — Eh bien ! il vous sera donc indifférent d’apprendre que l’ouvrage dont vous parlez avec tant de mépris, est de M. de G***. Ces mots atterrèrent Mirval ; car ce M. de G***
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