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L’AMANT

les yeux fixés sur lui, sourit ; et il y avoit dans ce sourire tant de douceur et de sentiment, que Rosenthall fut au moment de le lui reprocher comme une perfidie ; pouvant à peine se contenir, il s’éloigna brusquement. Les jours suivans, Léontine et Melcy revinrent régulièrement, et témoignèrent, à l’envi l’un de l’autre, le plus vif intérêt à Rosenthall ; Melcy, sur-tout, paroissant vouloir se lier intimement avec lui, s’occupoit tellement de ses affaires, que Rosenthall, malgré toute son humeur, ne pouvoit se dispenser de lui montrer beaucoup de reconnoissance. Enfin, au bout de trois semaines, Melcy, un matin, vint annoncer aux deux prisonniers qu’ils étoient libres ; il embrassa le comte et le félicita avec une grâce et une sensibilité qui touchèrent vivement Rosenthall. Je pars pour la campagne, lui dit Darmond ; il faut, mon cher comte, que vous y veniez avec nous ; Melcy joignit ses instances à celles de Darmond, et Rosenthall se laissa entraîner et les suivit. Au bas de l’escalier on trouva Léontine qui, transportée