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DÉROUTÉ.

de joie, se jeta en pleurant au cou de son père ; ensuite se retournant vers Rosenthall et Melcy, elle leur dit, à l’un et à l’autre, les choses les plus aimables, et avec le ton de la sensibilité la plus vraie. On quitta la prison, on monta en voiture, et l’on partit pour Franconville. Après avoir fait cinq lieues, on arriva dans un château charmant, situé dans la vallée de Montmorency, et qui appartenoit à Darmond.

Plus Rosenthall observoit Léontine et Melcy, plus il se confirmoit dans l’idée qu’ils s’adoroient. Melcy, qui lui montroit une extrême amitié, lui parloit sans cesse de Léontine, et toujours avec enthousiasme. Rosenthall n’avoit plus l’ombre de l’espérance ; néanmoins, il ne pouvoit vaincre une passion, d’autant plus vive qu’elle étoit la première de sa vie. D’ailleurs, malgré tout l’attachement de Léontine pour Melcy, il remarquoit, avec autant de trouble que de surprise, que Léontine, froidement polie pour tous les hommes qui venoient chez son père, étoit naturellement d’une