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Mlle DE CLERMONT

la nuit suivante, à deux heures du matin, parce que M. le Duc ne devoit revenir que le surlendemain. Il fallut se séparer à six heures du matin ; mais avec quel ravissement mademoiselle de Clermont, en sortant de la chaumière, pensa qu’elle n’y rentrerait que pour y recevoir la foi de son amant, et que, dans dix-huit heures, le plus cher sentiment de son cœur seroit devenu le premier de ses devoirs !… Que cette journée parut longue, et qu’elle fut cependant délicieusement remplie !… Tout fut plaisir durant cet espace de temps, jusqu’aux confidences qu’il fallut faire. C’en est un si grand de pouvoir, sans rougir, avouer un sentiment si cher, qu’on a long-temps caché ! Le secret fut solemnellement promis, la reconnoissance, l’attachement et l’intérêt même en répondoient également.

M. de Melun passa toute l’après-dînée dans le salon, assis à l’écart en face d’une pendule, et les yeux constamment attachés sur l’aiguille, ou sur mademoiselle de Clermont. Sur le soir, on fut à la laiterie ; mademoiselle de Clermont tres-