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Mlle DE CLERMONT.

dit qu’il ne vouloit pas qu’elle entrât dans la chambre de M. de Melun… — Dans la situation où je suis, reprit mademoiselle de Clermont, on peut sans effort braver la tyrannie : je veux voir M. de Melun. — Je vous déclare que je ne le souffrirai point… — Je veux voir M. de Melun, je suis sa femme. À ces mots, M. le duc, pétrifié d’étonnement, resta un moment immobile ; ensuite, regardant sa sœur avec des yeux où se peignoient la plus vive indignation : songez-vous, lui dit-il, aux conséquences d’un tel aveu ? Votre séducteur n’est point mort, et même le chirurgien ne l’a point condamné, il peut recouvrer la santé… Mademoiselle de Clermont ne fut frappée que de ces dernières paroles ; ce rayon d’espérance et de joie abattit toute sa fierté, ses pleurs inondèrent son visage. Ô mon frère ! s’écria-t-elle en tombant aux pieds de M. le Duc ; mon cher frère, est-il bien vrai qu’on ait encore quelqu’espérance pour sa vie ?… — Je vous le répète, il n’est pas à l’extrémité… — Ah ! mon frère ! vous ranimez ce cœur désespéré ; oh ! n’y soyez