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LA FEMME

n’eut pas une distraction, elle vouloit être louée sur sa manière de jouer ; elle disserta sur plusieurs coups avec la pesanteur d’un joueur consommé ; elle assura qu’elle aimoit passionnément le wisk, et qu’elle passeroit sa vie à y jouer. Elle parloit de bien bonne-foi dans ce moment.

Qui pourroit résister aux femmes lorsqu’elles aiment ? Elles peuvent tout, rien ne leur coûte ; avec un intérêt de sentiment, elles seroient capables de devenir géomètres et mathématiciennes en quelques mois, s’il le falloit ; mais la coquetterie ne donnera jamais ces facultés étonnantes, elle ne suggère que des artifices aussi méprisables et aussi frivoles que ses motifs. Une coquette à la place de Natalie, n’eût fait que des mines et des agaceries, tandis qu’une femme passionnée sait toujours, même dans les petites choses, donner des témoignages touchans ou solides du sentiment qu’elle éprouve. Après le souper, un homme arrivé de Versailles, conta que M. de Nangis, à la chasse du roi, avoit fait une chute de cheval, et