Page:Genlis - Théâtre de société, Tome 1, 1781.djvu/201

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corder. Réfléchissez à sa conduite. Il vous déclare qu’il vous aime depuis plus de huit ans ; il n’ose l’avouer que deux ans après votre veuvage. D’abord, il respecta votre vertu, ensuite votre douleur ; quelle bienséance, quelle honnêteté ! Enfin, il fait parler ses soins ; mais connoissant votre éloignement invincible pour un nouvel engagement, il vous proteste qu’il est sans espérance ; qu’il est décidé à ne jamais se nommer, & que le bonheur qu’il éprouve à vous entretenir de sa passion, lui suffit & le dédommage de toutes les peines que vous lui avez causées. Joignez à tout cela une galanterie, une grace, une occupation de vous si continuelle, si constante. En vérité, je vous admire, d’être si froide à cet égard : pour moi, je sens qu’il y a long-temps que la curiosité m’auroit conduite à l’intérêt le plus pressant & le plus vif.

Léontine.

Qui ? moi, j’aimerois encore ? Ah ! cette idée me rappelle des maux à peine effacés par le temps ; il me semble qu’elle rouvre toutes les