Page:Genlis - Théâtre de société, Tome 1, 1781.djvu/307

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Le Vicomte.

Pardonnez-moi des détours, un mystère dont l’amour doit être l’excuse. Hélas ! je me suis peut-être égaré ; je voulois toucher votre cœur, & non le surprendre. Trop de délicatesse m’a fait employer des artifices qu’elle-même condamne à présent ; c’est dans le moment où votre bouche vient de prononcer un aveu, que j’aurois acheté de ma vie. Mais, Madame, je vous rends à vous-même, à vos réflexions ; vous êtes toujours libre ; vous n’avez rien promis, disposez de ma destinée.

Léontine.

Oui, si je ne vous devois pas le bonheur le plus doux & le plus inespéré, j’aurois peine, je l’avoue, à vous pardonner ces craintes injurieuses qui m’outragent. Quel moment choisissez-vous pour me livrer de nouveau à cette défiance cruelle ? Quoi ! vous pourriez me croire assez ingrate pour balancer encore ?