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la bassesse et la dignité romaine, voilà ce qu’était le polythéisme ! »

On comprend, avec de pareils pontifes, que Philon, qui vivait sous Caligula, dise que le monde était alors peuplé d’athées.

Pendant ce temps, les Chrétiens étaient époux unis, pères tendres, amis fidèles, citoyens dévoués, magistrats vigilants et intègres, il n’est pas de vertus dont ils n’offrissent l’exemple. La terre n’avait rien d’assez grand pour eux, puisqu’ils aspiraient à vivre avec Dieu même, et ils donnaient le plus beau spectacle aux anges et aux hommes.

Les hérétiques, comme les Juifs, empêchaient les païens d’être aussi frappés qu’ils auraient dû l’être de tant de vertus, parce qu’on les confondait avec les Chrétiens. Basilide, Saturnin, Carpocras, les gnostiques et les valentiniens, étonnés des miracles du Christianisme, se disaient Chrétiens et vivaient en païens. La crainte du martyre était aussi une cause d’hérésie. On n’osait s’avouer Chrétien, et l’on couvrait sa timidité du prétexte qu’on était d’une opinion différente. La sévérité des lois sur la pénitence contribuait encore à retenir hors de l’Église ceux qui avaient failli une fois, et qui ne pouvaient se résoudre à se soumettre aux austérités et aux humiliations qu’elle imposait.

C’est à cause d’un péché d’incontinence qu’il avait commis et qui le fit retrancher de l’Église par son père, alors évêque, que Marcion forma une secte. Marcion, au lieu de faire les réparations nécessaires, vint à Rome, où étaient encore d’anciens prêtres formés par les apôtres, et qui ne voulurent point l’admettre parmi eux. Plein de colère et d’orgueil, il s’écria : Je déchirerai votre Église et j’y jetterai une division éternelle. Pour arriver à son but, il se montra entièrement différent des gnostiques, affecta une grande austérité, admit deux principes, l’un du bien, l’autre du mal, rejeta l’Ancien-Testament, condamna le mariage, défendit l’usage de la viande. Ses sectateurs n’usaient que d’eau, même dans le sacrifice, faisaient des jeûnes fréquents et s’exposaient au martyre. Mar-