saint Justin, Tatien, Athénagore, Théophile, saint Irenée, etc., vont parler français pour la première fois : ils n’ont pas eu pour les initier à notre langue d’interprètes qui pussent nous servir de guides à nous-mêmes et ébaucher pour nous le travail. Nous trouvons bien quelques extraits, quelques fragments traduits, mais aucun fond, aucun ensemble de traduction qui du moins nous soit connu.
Et cependant quels auteurs méritaient autant que ceux-ci de fixer l’attention ? Après les apôtres, ils sont les premiers anneaux de la tradition. Je ne sais quel sentiment d’admiration vous transporte quand vous les lisez. Ils touchent au berceau de la religion et ils en parlent, il la prouvent, ils en établissent la vérité, ils en développent tout l’ensemble et toute la belle économie, comme nous le ferions aujourd’hui. Vous ne pouvez vous empêcher de vous écrier : Il n’en est donc pas de cette religion comme des sciences humaines, qui ont besoin du temps pour s’élaborer, pour se faire ; elle naît toute faite ! Et voilà ce que ne savent pas tant d’hommes qui, faute de l’avoir étudiée dès ses commencements, s’imaginent que l’origine du Christianisme est enveloppé de ténèbres comme le berceau des nations ; qu’il s’est arrangé et a grandi avec le temps. Vous trouverez ce soleil des intelligences aussi brillant à son aurore