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temps, ce qui leur convenait d’en prendre, et retranchant du corps de ses dogmes ce qui leur plaisait d’en retrancher. L’ignorance des peuples a pu, dans les anciens, ne pas appercevoir de telles contradictions ; on n’en produirait point de semblables aujourd’hui sans soulever contre soi toutes les intelligences. Elles sont généralement si développées, qu’elles ne souffrent plus ni les demi-vérités, ni les demi-erreurs. Il ne s’élève plus d’hérésie nouvelle, parce que, dans ses progrès actuels, l’esprit humain ne connaît point d’autre alternative que d’embrasser ou de rejeter la religion tout entière, et que tout le monde comprend qu’il faut être tout à fait catholique ou tout à fait incrédule.

Et, dans la vérité, il n’y a point de milieu entre l’un et l’autre pour qui raisonne. Si vous adoptez le principe catholique, il y a pour vous nécessité de croire sans exception, ni restriction, ni examen, tout ce qu’enseigne une Église que vous reconnaissez pour infaillible. Si vous rejetez le principe, il y a pour vous impossibilité de rien croire de ce qu’enseigne cette même Église, que vous supposez sujette à l’erreur ; car sa faillibilité fait naître le doute, le rend légitime et raisonnable. Or, le doute exclut la foi. Il n’y a donc point de milieu entre tout croire et ne rien croire.

Le Christianisme en lui-même est un corps de doctrine où toutes les parties sont si admirablement liées entre elles, où les croyances et les pratiques, les mystères et les enseignements qu’ils donnent, le culte et la morale dont il est la base, sont si inséparablement unis les uns aux autres, qu’il est impossible à une raison éclairée d’admettre un seul dogme sans les admettre tous, ou d’en rejeter un seul sans les rejeter tous. Donc toutes les hérésies qui ont mutilé et morcelé le Christianisme ont été inconséquentes.

Ils étaient inconséquents, les sabelliens, ces hérétiques du 3e siècle, qui niaient le mystère de la très-sainte Trinité, ne reconnaissant qu’une seule personne en Dieu, et qui, en même temps, admettaient les mystères de l’incarnation et de la rédemption, mystères où l’on fait profession de croire en Dieu