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de l’antique Sibylle sur l’unité de Dieu : Platon, Aristophane et beaucoup d’autres la regardent comme inspirée ; c’est ainsi qu’elle parle :

« Il n’y a qu’un Dieu, qui est seul, trois fois très-grand, incréé, maître de tout, invisible, voyant toutes choses sans être vu par aucun être humain. »

Et ailleurs :

« Nous nous sommes écartés des routes de l’immortalité ; nous avons adoré des idoles, ouvrages insensés fabriqués par la main des hommes ; nous les avons invoquées, quoiqu’elles fussent l’œuvre d’hommes mortels comme nous. »

Et plus loin :

« Heureux seront les hommes qui adoreront le grand Dieu, qui béniront l’Être-suprême avant de prendre leur nourriture, qui auront foi dans son culte ! Ils fuiront les autels où s’élèvent comme sur des trônes des pierres insensibles, ils renieront les temples qu’ils verront souillés du sang des animaux immolés dans les sacrifices, et ils ne seront occupés qu’à contempler la gloire du Dieu unique. »

Voilà comment a parlé la Sibylle.

XVII. Homère, usant de la licence accordée aux poëtes, cherche à suivre dans l’exorde de son poëme les idées d’Orphée sur la pluralité des dieux, et il chante plusieurs divinités fabuleuses. S’il le fait, c’est pour ne pas trop s’éloigner d’Orphée, qui l’avait précédé et qu’il s’était proposé pour modèle. Nous en trouvons la preuve en comparant ces deux poëtes dans le début de leurs chants.

Orphée avait dit :

« Muse, chante la colère de Cérès qui préside aux fruits de la terre. »

Et Homère, dans l’exorde de l’Iliade, dit à son tour :

« Muse, chante la colère d’Achille, fils de Pélée. »

On dirait qu’il a voulu, dans son début, suivre la même coupe de vers qu’Orphée, pour ne pas paraître d’abord avoir négligé le nom des dieux. Mais peu après il expose clairement et ouvertement son opinion sur l’existence d’un Dieu