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seul et unique, lorsque, par la bouche de Phénix, il interpelle Achille en ces termes :

« Non, quand Dieu lui-même, auteur de toutes choses, me promettrait d’effacer de mon front les rides de l’âge pour me rendre ma brillante jeunesse. » (Iliad. I.)

Par le pronom, il proclame le vrai Dieu. Plus loin, il fait dire à Ulysse, haranguant l’armée grecque :

« Le commandement de plusieurs ne peut pas être bon ; qu’un seul commande. » (Iliad. II, 206.)

Or, il se proposait de démontrer que le commandement de plusieurs chefs ne pouvait avoir que des conséquences fâcheuses ; et il disait tous les dangers auxquels ils s’exposaient en reconnaissant plusieurs chefs, d’où résulteraient des combats, des séditions, des embûches mutuelles, tandis que le commandement d’un seul n’a pas ces inconvénients. Voilà ce qu’on trouve dans Homère.

XVIII. Si, pour prouver l’existence d’un Dieu unique, il vous fallait encore le témoignage des poëtes dramatiques, écoutez Sophocle ; c’est ainsi qu’il s’exprime :

« Certainement il n’y a qu’un Dieu, un seul Dieu, qui a créé le ciel et la terre, qui a creusé le lit de la mer azurée, qui a formé les vents impétueux. Guidée par une aveugle erreur, la troupe des mortels, aux jours de l’infortune et dans l’espoir de la conjurer, a adoré des images de dieux, faites de pierre, d’airain, d’ivoire ou d’or fondu. C’est à ces dieux que nous consacrons des jours de fêtes, le sang des victimes, et c’est-là ce que nous appelons de la piété. »

Tel est le langage de Sophocle.

XIX. Pythagore, fils de Mnésarchus, dont tout le système de philosophie est enveloppé de formes symboliques, comme l’attestent ceux qui ont écrit sa vie, paraît avoir eu de l’unité de Dieu des sentiments qui annonçaient qu’il a aussi visité l’Égypte. Car, en considérant, ainsi qu’il le fait, l’unité comme le principe de toutes choses et la source de tous les biens, ne nous enseigne-t-il pas d’une manière allégorique qu’il n’y a qu’un seul et unique Dieu ? On peut se convaincre que telle est sa pensée, si l’on re-