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à ce Dieu avec un cœur droit, ami de la justice. Cherche à briller par ton cœur et non par tes habits. Quand tu entends le tonnerre, ne fuis pas ! ô mon maître ; si ta conscience est pure, Dieu te voit et il est près de toi. »

Platon, dans le Timée, parle de Dieu en ces termes :

« Celui qui entreprend de scruter ses œuvres ne sait pas combien la nature divine diffère de la nature humaine. Il ne sait pas qu’en Dieu se trouvent toutes les perfections réunies ; elles se résument en une seule, qui se décompose en une multitude, parce qu’il a la science et le pouvoir au plus haut degré, et que nul homme ne les possède et ne les possédera jamais. Voilà le vrai Dieu. »

Quant à ceux que la multitude honore de ce nom saint et sublime, et qu’une vaine tradition présente comme des dieux, voyez de quelle manière Ménandre s’en moque dans l’Héniochus, c’est-à-dire le Cocher :

« Je n’aime point une divinité qui se promène par voies et par chemins, en la compagnie d’une vieille femme, et qui, à l’aide d’un tableau représentant ses traits, fait irruption dans les maisons. Un vrai dieu doit rester au logis pour s’occuper un peu des intérêts de ceux qui l’honorent. »

Même langage dans l’Hiéra ou la Prêtresse : « Ô femme, nul Dieu ne sauve un homme de la fureur d’un autre. S’il est vrai qu’un mortel peut, au seul bruit des cymbales, se faire suivre d’un dieu partout où il lui plaît, alors ce mortel serait plus puissant que le dieu lui-même. Ce sont là, ô Rodé, des ruses que l’audace ou l’amour du gain ont fait imaginer à des hommes impudents qui se moquent de nous. »

Dans la pièce intitulée : l’Amant haï, Ménandre expose encore son opinion sur ceux qu’on place au rang des dieux, ou plutôt il les dépouille de ce titre usurpé :

« Ah ! si je vois la chose arriver, je croirai qu’on me rend la vie. Mais maintenant, ô Géta, où trouver des dieux équitables ? »

Dans la pièce du Dépôt, il exprime la même pensée :

« Il est donc chez les dieux mêmes des jugements iniques ! »