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tice, amis de la science : vous vous entendez partout donner ces titres. Les méritez-vous réellement ? L’événement le fera voir.

Ce n’est point pour flatter, pour solliciter des grâces que nous approchons du trône. Nous nous présentons pour demander justice, pour vous prier qu’on nous juge après examen des faits, qu’on ne s’écarte pas à notre égard des premiers principes de l’équité.

Prenez garde, ô princes ! de n’écouter ici que d’injustes préventions ; craignez qu’une complaisance excessive pour des hommes superstitieux, qu’une précipitation aussi aveugle qu’insensée, que d’anciens préjugés qui ne reposent que sur la calomnie ne vous fassent porter contre vous-mêmes une terrible sentence. Pour nous, personne ne peut nous faire de mal, si nous ne nous en faisons à nous-mêmes, si nous ne nous rendons coupables d’aucune injustice. On peut bien nous tuer, mais on ne peut pas nous nuire.

III. Ne voyez dans ce langage ni fol orgueil, ni ridicule présomption : nous nous bornons simplement à demander qu’on informe sur les griefs reprochés aux Chrétiens, qu’on les punisse comme les autres coupables, si les faits sont prouvés ; mais s’ils sont faux, la droite raison vous défend de condamner l’innocence d’après les mensonges de la calomnie, et de vous nuire à vous-mêmes en écoutant la passion plutôt que la justice.

L’honneur comme l’équité ne vous laisse qu’une seule voie à suivre. Quelle est-elle ? C’est d’accorder à l’accusé la liberté de justifier sa conduite et ses principes, c’est de ne porter d’arrêt qu’après avoir pris conseil de la piété et de la sagesse, et non de la violence et de la tyrannie. Hors de là, ni princes, ni sujets, personne n’est heureux.

« Les états ne connaîtront le bonheur, a dit un ancien, que lorsqu’on verra la philosophie assise sur le trône tracer à chacun ses devoirs et former ceux qui commandent comme ceux qui obéissent. »

Notre devoir, à nous, c’est de vous rendre compte de notre vie et de nos principes : autrement la punition des fautes que