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porte à discourir sur les livres saints, et nous n’écoutons ici ni l’avarice, ni la vaine gloire, ni l’amour du plaisir. Je ne crois pas, d’ailleurs, que personne puisse nous reprocher d’agir par aucun de ces motifs. Nous nous gardons bien de nous conduire comme les chefs de notre peuple, à qui le Seigneur adresse ce reproche : « Vos chefs s’associent aux brigands, ils aiment les présents et recherchent un salaire. » Et quand il se trouverait parmi nous des hommes de ce caractère, serait-ce un motif de blasphémer contre le Christ, et de fausser partout le sens des Écritures ?

LXXXIII. Prenons ces paroles : « Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite, jusqu’à ce que je réduise vos ennemis à vous servir de marchepied. » Voyez le sens que vos docteurs leur ont donné ; ils ont osé dire qu’elles s’entendaient d’Ézéchias et signifiaient que Dieu lui avait ordonné de s’asseoir dans le temple du côté droit, lorsqu’il reçut un message menaçant du roi d’Assyrie et que Dieu lui fit annoncer par Isaïe de bannir toute crainte. Nous savons, nous reconnaissons que l’événement justifia les paroles d’Isaïe, que le roi d’Assyrie au temps d’Ézéchias fut contraint de lever le siége de Jérusalem, que cent quatre-vingt-cinq mille Assyriens furent égorgés dans leur camp par l’ange du Seigneur ; mais il est évident qu’il ne s’agit pas d’Ézéchias dans ce psaume. Témoins les paroles qui le composent : « Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite, jusqu’à ce que je réduise vos ennemis à vous servir de marchepied. Il étendra sur Sion le sceptre de son autorité ; il dominera au milieu de ses ennemis. Je vous ai engendré avant l’aurore, au milieu de la splendeur des saints. Le Seigneur l’a juré, il ne révoquera pas son serment. Vous êtes le prêtre éternel selon l’ordre de Melchisédech. »

Ézéchias a-t-il été prêtre éternel selon l’ordre de Melchisédech ? Qui oserait le dire ? Est-ce bien lui d’ailleurs qui a délivré Jérusalem, qui a étendu sur cette ville la puissance de son sceptre, qui a porté la terreur au milieu du camp des Assyriens ? Ne sait-on pas qu’il pleurait et se lamentait, que c’est