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tiers de la terre-sainte ; aussi avons-nous toujours en perspective cet héritage immortel, comme enfants d’Abraham, à raison de notre foi toute semblable à la sienne. Il crut à la parole de Dieu, et sa foi lui fut imputée à justice ; et nous aussi nous avons cru à la parole de Dieu qui nous fut annoncée par les prophètes et prêchée par les apôtres ; et aussitôt que nous avons entendu cette voix, nous avons renoncé à tous les biens de ce monde pour la suivre, et nous renoncerions à la vie s’il le fallait. Dieu promettait donc à Abraham une nation imitatrice de sa foi, attachée comme lui au culte du vrai Dieu, et qui serait un jour la joie de son père ; ainsi ce n’était pas vous, puisque l’Écriture vous appelle des enfants d’incrédulité.

CXX. Et voyez comme la même promesse fut faite à Isaac et à Jacob. C’est ainsi que le Seigneur parle à Isaac : « Je bénirai toutes les nations de la terre dans celui qui doit sortir de toi ; » et à Jacob : « Toutes les tribus de la terre seront bénies en toi et en ta postérité. » Et cette bénédiction, Dieu ne l’a donnée ni à Ésaü, ni à Ruben ou à tout autre, si ce n’est à ceux dont le Christ devait naître dans l’ordre des ancêtres de la vierge Marie.

Voyez encore en quels termes est conçue la bénédiction donnée à Juda, et vous comprendrez ce que je dis ici. La race de Jacob se partage et se continue en diverses branches, par Juda, par Pharès, par Jessé, par David. Que signifiait ce partage ? celui que nous voyons aujourd’hui. Quelques-uns des vôtres sont reconnus enfants d’Abraham et sont comptés parmi ceux qui forment l’héritage du Christ ; d’autres, bien qu’issus de ce patriarche, ressemblent au sable stérile qui couvre le bord de la mer : ces grains de sables sont innombrables, mais ils ne produisent rien, ils s’abreuvent seulement de l’eau de la mer ; et n’a-t-on pas fait avec raison à plusieurs d’entre vous le reproche de boire les doctrines amères de l’impiété, et de repousser la parole de Dieu ? Ce Dieu dit, en parlant de Juda : « Le sceptre ne sortira point de Juda, ni le prince de sa postérité, jusqu’à ce que viennent les choses qui sont promises et