Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/189

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celui qui est l’attente des nations. » Il est évident que cette prophétie ne regarde point Juda, mais le Christ. Nous autres, hommes de toutes les nations, ce n’est pas Juda que nous attendons, mais Jésus qui avait aussi délivré vos pères de la servitude d’Égypte ; car la prophétie assigne pour limite l’arrivé du Christ : « Jusqu’à ce que vienne celui à qui appartient le sceptre, et il sera l’attente des nations. » Or, il est venu, je vous l’ai prouvé, et il doit venir de nouveau sur les nuées du ciel et remplir notre attente, ce Jésus dont vous profanez le nom et que vous faites blasphémer par toute la terre. Je pourrais ici contester avec vous sur les mots que vous rendez de cette manière : « Jusqu’à ce que viennent les choses qui lui sont promises. » Ce n’est pas ainsi que traduisent les Septante, mais : « Jusqu’à ce que vienne celui à qui le sceptre appartient, » comme la suite du passage fait voir clairement qu’il ne s’agit ici que du Christ, car ces paroles : « Il sera l’attente des nations, » sont bien formelles, je ne disputerai point avec vous sur les mots qui précèdent ; je ne m’y arrête point, non plus qu’aux passages que vous ne voulez pas admettre, je veux dire les paroles de Jérémie, d’Esdras et de David, que j’ai citées. Ce n’est point d’après ces paroles que j’ai cherché à vous prouver que le Christ est venu, mais d’après les passages que vous regardez vous-mêmes comme incontestables. Et si vos docteurs avaient pu comprendre qu’ils s’entendaient du Christ, soyez-en bien persuadés, ils les auraient retranchés comme ils ont retranché ceux qui regardent la mort d’Isaïe, dont vous avez coupé le corps avec une scie de bois. Il y a encore ici un mystère qui cachait ce que devait faire le Christ ; car il partagera votre nation comme vous avez partagé le corps du prophète ; il recevra les uns, selon leurs mérites, dans son royaume éternel, avec les saints patriarches et les saints prophètes, et il condamnera les autres à un feu qui ne s’éteindra jamais ; il les y précipitera avec ceux des autres nations qui leur ressemblent par leur incrédulité et leur endurcissement. C’est lui-même qui l’a déclaré : « Plusieurs, dit-il, viendront d’Orient et d’Occident, et auront part avec