Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cation du psaume n’est peut-être pas la vôtre ; mais il n’en reste pas moins vrai qu’il a été donné à tous de pouvoir être des dieux et des enfants du Très-Haut, et que chacun sera jugé et condamné comme Ève et Adam l’ont été. Que le Christ soit appelé Dieu, vous avez pu vous en convaincre par les nombreux passages que j’ai cités.

CXXV. Mais veuillez me dire, mes amis, quel sens vous donnez au mot Israël ? Comme tous se taisaient, je repris la parole :

Je vais vous dire à cet égard mon sentiment. Il ne convient pas, je pense, de vous le taire ou de me laisser trop préoccuper par cette idée que vous le connaissez, mais que vous cherchez toujours par envie ou par une ignorance volontaire à vous abuser vous-même. Je vous dirai donc simplement et sans détour toute ma pensée. Et le maître que je sers n’a-t-il pas dit qu’un homme étant sorti pour semer, une partie du grain tomba sur le chemin, une autre parmi des épines, une autre dans un endroit pierreux, une autre enfin dans une bonne terre ? Il faut donc parler dans l’espérance que cette bonne terre est quelque part. Car notre maître, celui dont je vous parle, viendra, plein de force et de puissance, redemander à chacun de nous ses propres dons. Il ne condamnera point l’économe qui aura placé partout l’argent qu’il a reçu, et qui se sera bien gardé de l’enfouir sous aucun prétexte, parce qu’il savait que le maître était sévère et qu’il devait venir un jour réclamer ce qu’il a confié.

Le mot Israël signifie homme qui triomphe de la force ; car Isra veut dire homme qui triomphe, et ël, force. Et voilà ce que devait faire le Christ après s’être fait homme, comme l’annonce mystérieusement la lutte de Jacob contre le Verbe, qui alors ne lui paraissait qu’un homme, parce qu’il exécutait les ordres de son père, mais qui était Dieu en sa qualité de premier-né de la création ? Quand il se fut fait homme, le démon, ainsi que je l’ai déjà rapporté, s’approcha de lui ; et, par le démon, j’entends cette puissance ennemie que nous appelons serpent ou Satan. Le démon tenta Jésus, il essaya de l’abattre, il lui demanda de l’adorer ; mais c’est le Christ qui