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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/208

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étaient les enfants libres que pour le salut des esclaves qui vivaient parmi eux ; car il élève au même rang tous ceux qui observent fidèlement ses préceptes. C’est ainsi que Jacob mit sur la même ligne et traita de la même manière tous les enfants qu’il eut de ses deux femmes libres et de ses servantes. Ce qui devait arriver à chacun de nous, au temps marqué d’après les décrets de la sagesse divine, fut également figuré par Jacob. Il servit aussi Laban pour en avoir des brebis de diverses espèces et de différentes couleurs. Ainsi le Christ a servi et fut obéissant jusqu’à la mort de la croix pour les hommes de toutes les nations, aussi différents par leurs traits que par leurs habitudes. Et comment les a-t-il acquis ? Par son sang et par le mystère de sa croix. Les yeux de Lia étaient malades ; les yeux de votre esprit l’étaient bien davantage ; Rachel déroba les dieux de Laban et les tint cachés jusqu’à ce jour : ainsi les dieux de nos pères, ces dieux de pierre que nous adorions sont enfouis et anéantis. Jacob fut toujours en butte à la haine de son frère, et ne sommes-nous pas aussi, nous et le Christ, sans cesse en butte à la haine de nos frères, c’est-à-dire à la vôtre et à celle de tous les hommes ? Car nous sommes tous frères par nature ; et pour achever le parallèle, nous remarquerons que Jacob fut surnommé Israël, et que le Christ appelé et qui est en effet Jésus, fut aussi surnommé Israël, ainsi que nous l’avons prouvé.

CXXXV. Et lorsque l’Écriture dit : « Je suis le Seigneur, le Dieu saint d’Israël, je vous ai donné Israël pour roi, » ne comprenez-vous pas que c’est le Christ qui est véritablement le Roi et le Roi éternel ? Avez-vous jamais entendu dire que Jacob, fils d’Isaac, ait été roi ? Aussi l’Écriture, pour nous montrer quel est le roi désigné par les noms de Jacob et d’Israël, ajoute : « Jacob est mon serviteur, je prendrai sa défense ; Israël est celui que j’ai choisi, il sera l’objet de mes complaisances ; j’ai répandu mon esprit sur lui, il portera la justice parmi les nations, il ne criera point, on n’entendra point sa voix au dehors, il n’écrasera point le roseau brisé, il n’éteindra pas le lin qui fume encore, jusqu’à ce qu’il remporte la victoire ; il jugera dans la vérité, il ne brisera