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mangeons. Le dimanche, qu’on appelle le jour du soleil, tous ceux qui demeurent à la ville ou à la campagne s’assemblent en un même lieu. On y lit les écrits des apôtres ou les livres des prophètes ; la lecture finie, celui qui préside fait un discours au peuple, tant pour reprendre les vices que pour l’exhorter à imiter les choses qu’on a lues. Nous nous levons ensuite tous ensemble et nous faisons nos prières ; puis on offre, comme j’ai dit, le pain avec le vin et l’eau. Après la célébration des mystères, ceux qui sont plus riches donnent librement ce qu’ils veulent, et leur aumône est déposée entre les mains de celui qui préside, et qui emploie cet argent à assister les veuves, les malades, les orphelins, les personnes misérables, les prisonniers et les voyageurs qui viennent de loin ; en un mot, il est chargé de pourvoir au besoin de tous les pauvres. Or, nous nous assemblons le dimanche, parce que c’est le jour dans lequel Dieu a fait le monde, que Jésus-Christ est ressuscité des morts, qu’il apparut à ses disciples, et qu’il leur enseigna toute vérité. On chante dans ces assemblées des hymnes et des cantiques.


Sur la pureté de vie des Chrétiens, leur amour pour la continence, leur haine pour le mensonge.


Dès le temps de saint Justin, on voyait grand nombre de personnes de l’un et de l’autre sexe, âgées de soixante ans et au delà, qui avaient passé leur vie dans le célibat, et sans avoir jamais été atteintes de la moindre corruption, évitant jusqu’aux mauvais désirs, persuadées que Dieu déteste, non-seulement celui qui commet un adultère, mais encore celui qui en a la volonté. Il arrivait quelquefois que des femmes chrétiennes donnaient des billets de répudiation à leurs maris. Au reste, les Chrétiens avaient un si grand éloignement du mensonge, qu’ils aimaient mieux mourir que de sauver leur vie en altérant la vérité, et ils étaient dès lors en si grand nombre et tellement répandus par toute la terre, qu’il n’y avait aucun pays ni aucune nation si sauvage et si peu civilisée où Jésus-Christ ne fût adoré. Au lieu de ne chercher qu’à s’enrichir, ils mettaient leurs biens en commun pour en faire part aux autres.