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Quoique Tatien ne soit pas compté parmi les Pères de l’Église, à cause des graves erreurs dans lesquelles il est tombé, nous avons cru devoir faire entrer dans notre traduction le seul ouvrage qui nous reste de lui, afin de n’omettre aucun des monuments de l’antiquité ecclésiastique. Nous le plaçons à la suite des notes de saint Justin :


Tatien, écrivain ecclésiastique du second siècle, était Assyrien d’origine et né dans la Mésopotamie. Il fut disciple de saint Justin, sous lequel il apprit à Rome pendant plusieurs années la doctrine chrétienne. Après la mort de ce saint martyr, il retourna dans sa patrie, et privé de son guide il adopta une partie des erreurs des valentiniens, des autres gnostiques, et des marcionites. Il est accusé par les Pères de l’Église d’avoir enseigné, comme Marcion, qu’il y a deux principes de toutes choses, dont l’un est souverainement bon ; l’autre, qui est le créateur du monde, est la cause de tous les maux. Il disait que celui-ci a été l’auteur de l’ancien Testament, et que le nouveau est l’ouvrage du Dieu bon. Il condamnait l’usage du mariage, de la chair et du vin, parce qu’il les regardait comme des productions du mauvais principe. Il soutenait, comme les docètes, que le Fils de Dieu n’a pris que les apparences de la chair ; il niait la résurrection future et le salut d’Adam. Il voulait que l’on traitât durement le corps, et que l’on vécût dans une parfaite continence. Cette morale rigide séduisit plusieurs personnes ; ses disciples furent nommés encratites ou continents, hydroparastes ou aquariens, parce qu’ils n’offraient que de l’eau dans les saints mystères ; tatianistes, à cause de leur chef ; apostoliques, apotactiques, etc.

Tous les anciens s’accordent à dire que Tatien avait beaucoup d’esprit, d’éloquence et d’érudition ; il connaissait parfaitement l’antiquité païenne. Il avait composé beaucoup d’ouvrages ; presque tous ont péri. Il reste seulement de lui un Discours contre les païens, qui manque d’ordre et de méthode ; le style en est diffus et souvent obscur, mais il y a beaucoup d’érudition profane. Tatien y prouve que les Grecs n’ont point été les inventeurs des sciences ; qu’ils ont emprunté beaucoup de choses des Hébreux,