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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/250

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auteur vient de faire, en disant qu’il a cru aux livres barbares, à cause de la clarté avec laquelle ils expliquent la naissance de l’univers : or, les écrivains sacrés n’enseignent point les émanations, mais la création. Il y a plus, chacun sait que ces hérétiques admettaient, non l’émanation, mais l’éternité de la matière. Ils pensaient sans doute que les deux premiers eons ou esprits étaient sortis de la nature divine par émanation ; mais l’un était mâle et l’autre femelle, et c’est de leur mariage que toute la famille des eons était descendue. Il est donc faux que l’hypothèse des émanations soit la clé de tout le système théologique des gnostiques et des Orientaux.

Mais il faut entendre parler Tatien lui-même, et voir les passages dont Brucker et tant d’autres ont abusé.

N° 4 (6), il dit : « Notre Dieu n’est pas depuis un temps ; il est seul sans principe ou sans commencement, puisqu’il est le principe de tout ce qui a commencé d’être. Il est Esprit, non mêlé avec la matière, mais créateur des esprits matériels et des formes de la matière. Il est invisible et insensible, Père de tous les êtres visibles ou invisibles, n° 5 (7). Je vais exposer plus clairement notre croyance. Dieu était au commencement, et nous avons appris que le commencement ou le principe de toutes choses est la puissance du Verbe. Lorsque le monde n’était pas encore, le Seigneur de toutes choses était seul ; mais comme il est la toute-puissance, et la subsistance des êtres visibles et invisibles, tous étaient avec lui. Le Verbe qui était en lui était aussi avec lui par sa propre puissance. Par un acte de volonté de cette nature simple, le Verbe est sorti, ou s’est montré ; il n’est pas sorti du vide, c’est le premier acte de l’Esprit. Nous savons que c’est lui qui a fait le monde. Or, il est né par participation et non par retranchement. Ce qui est retranché est séparé de son principe, ce qui en vient par participation, et pour une fonction, ne diminue en rien le principe duquel il procède. De même qu’un flambeau en allume d’autres, sans rien perdre de sa substance, ainsi le Verbe naissant de la puissance du Père ne le prive pas de sa raison ou de son intelligence. Quand je vous parle, et que vous m’enten-