Aller au contenu

Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Diane, le centaure Chiron, la vierge Argo, coupée par le milieu du corps, et enfin l’ourse Calliste : comment se fait-il que le ciel fût dépourvu d’ornements avant les hauts faits de ces derniers ? Qui, d’ailleurs, pourrait s’empêcher de rire, en voyant consacrer parmi les astres la constellation du Deltoton, soit parce qu’elle avait la même forme que l’île de Sicile, comme le veulent quelques-uns, soit à cause de sa ressemblance avec la première lettre du nom de Jupiter, comme le prétendent les autres ? Pourquoi, en effet, ne pas accorder le même honneur à la Sardaigne et à l’île de Chypre ? Pourquoi encore ne pas placer dans le Zodiaque tous les astres dont la forme est semblable à celles des diverses lettres qui commencent les noms des frères de Jupiter, dieux comme lui ? Comment se fait-il que Saturne soit l’arbitre du destin, lui qui fut enchaîné et chassé de son royaume ? Comment peut-il donner des royaumes, celui qui n’a pu conserver le sien ? Abandonnez donc, ô Grecs, ces puérilités, et ne violez pas à notre égard, par une haine aussi injuste, toutes les lois de l’équité.

X. On raconte de certains hommes je ne sais quelles métamorphoses fabuleuses ; vous en faites subir de semblables à vos dieux : Rhéa est changée en arbre ; Jupiter en dragon, pour séduire Proserpine ; les sœurs de Phaéton en peuplier ; Latone, enfin, en un vil animal, et c’est à cause de cela que l’île que nous nommons aujourd’hui Délos était appelée autrefois Orthigie. Que dis-je ! un dieu se transforme en cygne, il prend la forme d’un aigle, s’attache le jeune Ganimède comme échanson, et s’applaudit des turpitudes auxquelles il se livre avec lui ! À quoi bon honorer des dieux avides de présents et qui s’irritent des refus qu’ils essuient ? Reconnaissez, si vous voulez, le destin ; pour moi, je ne veux point adorer des astres errants. Quelle est donc cette chevelure de Bérénice, et où était sa constellation avant qu’elle meure ? Comment le bel Antinoüs fut-il consacré dans la lune après sa mort ? Qui l’y transporta ? Quelque homme gagné par l’appât des récompenses le plaça au rang des dieux, comme on a vu des hommes payés pour attester, au mépris de la conscience et de la divinité, qu’ils avaient vu des rois monter au ciel. Pourquoi ces sacriléges envers Dieu, pourquoi avilir ainsi son ouvrage ? Vous immolez la brebis et vous l’adorez en même temps ; le taureau est placé dans les cieux, et vous égorgez l’animal qui le représente sur la terre. Celui qu’on appelle Engonasis ou Hercule étouffe un animal dangereux, et l’on comble d’honneur l’aigle qui ronge Prométhée, créateur de l’homme. On a fait de Cicnus un grand personnage, sans doute parce qu’il fut adultère. Ils étaient