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fort recommandables, ces fils de Jupiter qui revenaient à la vie alternativement, eux qui ravirent les filles de Leucippe ; cette Minerve, bien plus digne de respect ; cette Hélène, qui abandonna Ménélas, à la blonde chevelure, pour suivre Pâris, orné de la mitre phrygienne et tout couvert d’or ! C’est bien avec raison que le poëte Sofron a placé dans les Champs-Élisées cette courtisane. Toutefois, cette fille de Tyndare n’eut pas le privilége de l’immortalité, et Euripide eut raison de la représenter tombant sous les coups d’Oreste.

XI. Comment donc pourrais-je croire au destin, quand je lui vois de tels arbitres ? Je n’aspire point à régner ; je ne veux pas m’enrichir ; je n’envie point les honneurs ; je déteste la volupté. Je ne naviguerai point pour satisfaire une avarice insatiable ; je n’entre point dans la lice pour remporter une couronne ; je n’aspire point à une vaine gloire ; je méprise la mort ; je suis supérieur à tous les genres de maladie ; le chagrin ne ronge point mon âme ; si je suis esclave, je supporte patiemment la servitude ; si je suis libre, je ne m’enorgueillis pas de ma liberté. Je vois que le soleil est le même pour tous, que la mort frappe également ceux qui vivent dans les plaisirs et ceux qui gémissent dans la misère : si le riche sème, le pauvre jouit des fruits qui naissent de cette semence ; l’indigent meurt, le riche meurt aussi ; les honneurs, la confiance dont jouit le riche ne l’empêchent pas de manquer de beaucoup de choses, d’être en proie à bien des besoins ; le pauvre, l’homme modéré dans ses désirs, qui ne demande que le nécessaire, l’obtient sans peine. Pourquoi le destin vous condamne-t-il aux veilles et aux tourments de l’avarice ? pourquoi vous livre-t-il à tant de désirs qui multiplient pour vous les causes de mort ? Mourez plutôt au monde en rejetant ses folies, et vivez pour Dieu, après l’avoir connu et pris une nouvelle vie. Nous n’avons pas été faits pour mourir ; nos fautes sont la cause de notre mort, le mauvais usage de notre liberté nous a perdus ; de libres que nous étions, nous sommes devenus esclaves ; le péché nous a vendus. Dieu n’a rien fait de mauvais, l’iniquité vient de nous. Puisqu’elle est notre ouvrage, nous pouvons aussi la répudier.

XII. Nous reconnaissons deux sortes d’esprits, dont l’un s’appelle l’âme ; et l’autre, supérieur à l’âme, est l’image et la ressemblance de Dieu : l’un et l’autre se trouvèrent dans les premiers hommes ; de sorte que s’ils tenaient à la matière d’un côté, de l’autre ils s’élevaient au-dessus d’elle. Voici ce qu’il en est : il faut voir l’ensemble de la création : l’univers entier est formé de la matière, et Dieu lui-même a créé la matière. Repré-