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reçu l’astrologie des Babyloniens : prêtez-nous l’attention que vous apportiez aux oracles d’un chêne ; toute cette vaine scène dont nous avons parlé n’est qu’un piége que vous tend la fureur du démon, tandis que notre doctrine est si sublime que le monde ne peut la comprendre.

XIII. Ô Grecs ! l’âme n’est point immortelle par elle-même ; cependant elle peut aussi ne pas mourir : elle meurt et se dissout avec le corps, lorsqu’elle ignore la vérité ; puis elle ressuscite aussi avec le corps à la fin du monde pour être condamnée à la mort dans les supplices éternels. Mais, au contraire, si elle a la connaissance de Dieu, elle ne meurt point, quoiqu’elle soit pour un temps dégagée des liens du corps ; par elle-même, elle n’est autre chose que ténèbres, et il n’y a en elle aucune lumière. C’est pourquoi il est dit dans l’Écriture : « Les ténèbres n’ont point compris la lumière. » Car ce n’est point l’âme qui a conservé l’esprit de Dieu, mais elle a été conservée elle-même par cet esprit, et la lumière a éclairé les ténèbres. Or, c’est le Verbe qui est cette lumière divine ; et les ténèbres sont l’âme dans son état d’ignorance ; si donc elle reste isolée de la lumière, elle s’enfonce dans la matière et meurt avec la chair. Mais si elle est unie avec l’esprit divin, elle ne manque point de secours, et s’élève où veut la conduire cet esprit. La demeure de celui-ci est dans les cieux ; l’origine de celle-là est la terre. Au commencement, l’Esprit divin habitait avec l’âme ; mais il l’a abandonnée lorsqu’elle n’a plus voulu le suivre ; elle avait conservé quelques étincelles de la vertu divine, mais ne pouvait plus s’élever à la contemplation des choses célestes depuis qu’elle s’était séparée d’avec l’Esprit saint ; tandis qu’elle cherche Dieu, elle s’en crée une multitude, égarée comme elle le fut par l’opinion et par les artifices du malin esprit. L’esprit de Dieu n’habite point dans tous les hommes ; il réside seulement dans quelques justes, et c’est en se communiquant à leur esprit qu’il a révélé aux autres, par ses prophéties, les choses cachées. Les âmes fidèles aux leçons de la sagesse ont attiré l’esprit qui est en rapport avec elles ; mais les âmes rebelles au point de rejeter le ministre du Dieu crucifié, c’est-à-dire l’Esprit-saint, sont censées plutôt combattre Dieu que l’adorer.

XIV. Voilà votre position, ô Grecs ! vous dont le langage est si poli et l’esprit si aveugle, que vous avez reconnu plusieurs maîtres au lieu d’un seul, et que vous vous êtes déclarés pour les démons que vous avez crus supérieurs en puissance. De même que le scélérat sans pitié ne manque presque jamais de triompher de ses semblables par son audace, ainsi les démons, parve-