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nus au comble de la dépravation, ont trompé par l’ignorance et les folles visions vos âmes séparées de l’esprit divin. Il ne leur est pas facile de mourir, puisqu’ils n’ont point de corps ; mais ils emploient leur vie à répandre des doctrines de mort, et ils meurent eux-mêmes chaque fois qu’ils enseignent le mal à leurs sectateurs. C’est pourquoi le privilége qu’ils ont maintenant de ne point mourir comme les hommes tournera contre eux quand ils seront livrés aux supplices ; car alors, au lieu de participer à la vie éternelle, ils trouveront pour ainsi dire la mort dans l’immortalité. De même que nous, dont la vie présente est si fragile, nous obtiendrons un jour l’immortalité avec le bonheur, ou la souffrance avec l’immortalité, ainsi les démons qui abusent de la vie présente pour pécher, et qui meurent pendant toute leur vie, conserveront l’immortalité dont ils jouissaient et partageront le sort des hommes qui auront volontairement suivi leurs conseils. Les fautes de l’homme, à raison de sa courte durée, peuvent-elles être aussi multipliées que celles des démons, auxquels il arrive de pécher pendant un si grand nombre de siècles ?

XV. Maintenant, pour ressaisir ce que nous avons perdu, il faut rapprocher notre âme de l’Esprit saint, et nous unir intimement à Dieu. L’âme humaine n’est point simple, mais elle est composée de parties. Elle a été formée de manière à se manifester par le moyen du corps ; car elle ne paraît jamais sans le corps, et la chair ne ressuscite point sans l’âme. Certains philosophes, qui croassent comme le corbeau, se contentent de définir l’homme un animal doué de raison, capable d’intelligence et de science ; on en pourrait dire autant des bêtes. Mais l’homme seul est l’image et la ressemblance de Dieu. Or, je n’appelle point homme celui qui agit comme les animaux, mais bien celui qui, supérieur à l’humanité, s’est élevé jusqu’à Dieu. Comme je me suis fort étendu sur ce point dans le livre que j’ai composé sur les animaux, il faut maintenant que j’examine une question importante : en quoi consiste réellement l’image et la ressemblance de Dieu. Ce qui est hors de toute comparaison n’est autre chose que l’être lui-même ; mais ce qui est susceptible de comparaison ne peut être qu’une image. Dieu, qui est souverainement parfait, n’a point de chair ; mais au contraire l’homme est chair. L’âme est le lien de la chair, et la chair renferme l’âme en elle-même, et lorsque cet être ainsi composé se trouve semblable à un temple, Dieu se plaît à l’habiter par l’Esprit saint qu’il nous envoie. Lorsqu’il en est autrement, l’homme ne l’emporte sur les bêtes que par l’usage de la parole ; et quant au reste, il vit de la même manière que