Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/274

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XXIV. Que m’importe ce furieux qui, dans Euripide, faisant le rôle du parricide Alcméon, dénature ses propres traits, ouvre une large bouche, porte une épée partout, s’échauffe en déclamant, et se montre couvert d’une robe sanglante ! Loin de moi les fables d’Égésilas ! loin de moi les vers du poëte Ménandre ! Pourquoi admirerais-je un joueur de flûte qui n’a point existé ? Ou comme Aristoxène, m’informerais-je avec curiosité du Thébain, fils d’Anthigène ? Nous vous abandonnons toutes ces puérilités. Pour vous, ou croyez à nos dogmes, ou laissez-nous les professer librement.

XXV. Quelles sont donc les grandes et les admirables actions de vos philosophes ? Ils négligent de couvrir l’une de leurs épaules, laissent pendre une longue chevelure, cultivent leur barbe, et portent des ongles de bêtes fauves. Ils disent bien qu’ils n’ont besoin de rien ; cependant, nouveaux Protées, ils recourent au tanneur pour faire leur besace, au tisserand pour leurs habits, au tourneur pour leur bâton, au riche et au cuisinier pour satisfaire leur gourmandise. Ô homme ! semblable au chien, tu ne connais point Dieu et tu imites les bêtes ! tu cries en public, plein de confiance dans la générosité du riche, et si tu ne reçois point ce que tu attends, tu te venges toi-même en l’accablant d’injures ; ainsi la philosophie est pour toi un art de faire fortune. Suis-tu la doctrine de Platon ? Dès lors l’Épicurien te fait ouvertement la guerre. Es-tu partisan d’Aristote ? Tu es en proie aux injures d’un disciple de Démocrite. Pythagore prétend qu’il fut autrefois euphorbe et qu’il a hérité de la doctrine de Phérécyde. Aristote attaque l’immortalité de l’âme, et vous tous qui passez d’une doctrine à une autre, sans vous entendre, vous combattez ceux qui s’entendent ; l’un prétend que Dieu est corporel, et moi je soutiens qu’il n’a point de corps ; l’un dit que le monde est indestructible, et moi je prétends qu’il doit périr ; celui-là assure que le monde doit être plusieurs fois la proie des flammes, et moi je dis qu’il ne sera consumé qu’une fois ; celui-ci croit que nous devons avoir pour juges Minos et Radamanthe, et moi je soutiens que Dieu seul sera notre juge ; enfin, l’un veut que l’âme seule soit immortelle, et moi je sais que le corps et l’âme ont la même prérogative. En quoi vous offensons-nous, ô Grecs ! et pourquoi nous haïssez-vous comme les plus pervers des hommes, parce que nous suivons le Verbe de Dieu ? Nous ne mangeons point de chair humaine ; et quand vous nous accusez de ce crime, vous êtes de faux témoins ; chez vous au contraire, Pelops devient le festin des Dieux, quoiqu’aimé