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car, au lieu de vivre d’après une règle unique et commune, comme vous le deviez, il y a aujourd’hui chez vous autant de législateurs que de villes ; ensorte que les uns repoussent avec horreur ce qui est préconisé chez les autres. Ainsi les Grecs condamnent le mariage d’un fils avec sa mère ; tandis que les Perses le regardent comme la plus belle institution. Ainsi encore les barbares condamnent les turpitudes qui se commettent avec les enfants, tandis qu’à Rome on récompense ceux qui rassemblent un grand nombre d’enfants, comme des troupeaux de cavales.

XXIX. Après avoir vu toutes ces infamies, et avoir examiné ensuite, lorsque je participais aux mystères sacrés, les diverses religions qui ont pour ministres des hommes efféminés, je trouvai que Jupiter Latial, en honneur chez les Romains, se plaisait dans le sang humain et dans les homicides ; que Diane, tout près de Mégalopolis, approuvait aussi les mêmes actions, et, qu’ailleurs, beaucoup d’autres démons faisaient commettre un grand nombre de crimes semblables.

Alors je me recueillis en moi-même pour examiner comment je pourrais trouver la vérité, et, pendant que mon esprit cherchait de tous côtés avec ardeur, je rencontrai par hasard quelques livres barbares trop anciens et trop divins pour que je puisse les comparer avec les doctrines et les erreurs des Grecs. Peu à peu ils gagnèrent ma foi par la simplicité de leur style, par l’esprit sans artifice de leurs auteurs, par l’explication naturelle qu’ils donnaient de la création du monde, par la connaissance de l’avenir, l’excellence de leurs préceptes et leur supériorité en toutes choses. C’est pourquoi, instruit par l’esprit de Dieu, j’ai compris que les doctrines des philosophes étaient réprouvées, au lieu que la doctrine que nous suivons dissipe la servitude qui est dans le monde, nous délivre d’une infinité de tyrans et de princes, et nous apporte un privilége que nous avions déjà reçu, il est vrai, mais que l’erreur nous avait empêché de conserver.

XXX. Imbu, pénétré comme je le suis de cette doctrine, je veux me dépouiller entièrement comme les petits enfants. Car nous savons que la nature du mal est semblable à celle des plus petites semences ; il lui suffit de quelques instants pour s’établir dans un cœur, mais aussi on peut la repousser en ajoutant foi aux paroles de Dieu, et en ne se livrant point à la dissipation. Car le mal s’est emparé de nous par l’espoir d’un trésor caché que nous nous attachons à découvrir et qui ne nous a couverts que de poussière, et nous lui avons donné par là le moyen de s’établir en nous. S’appro-