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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/278

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priant toutes choses, il a retenu captives sous sa dépendance les véritables richesses. Que nos frères prennent pour eux toutes ces réflexions. Pour vous, ô Grecs, que vous dirai-je, sinon de ne point injurier des hommes meilleurs que vous, et de ne point prendre occasion de leur nom de barbares pour les railler ! Car, si vous le voulez, vous pourrez trouver la cause qui empêche les uns de comprendre la langue des autres ; et si vous désirez connaître notre doctrine, je vous en ferai l’exposé moi-même fort au long et d’une manière facile à saisir.

XXXI. Il me semble qu’il est maintenant à propos de faire voir que notre philosophie est plus ancienne que toutes les écoles grecques. Pour cela, Moïse et Homère nous serviront de termes de comparaison, puisqu’ils sont les deux auteurs les plus anciens, et que l’un est le premier des poëtes et des historiens, et l’autre le chef de toute la sagesse barbare. Mettons-les donc en parallèle, et nous trouverons que notre philosophie est non-seulement plus ancienne que les diverses doctrines des Grecs, mais encore qu’elle a précédé l’invention des lettres. Je n’emprunterai point le témoignage de nos propres auteurs ; car il ne serait d’aucun poids pour vous, et vous ne le recevriez pas ; mais j’aurai recours aux témoignages mêmes des Grecs pour vous combattre par vos propres armes, et tirer de vous-mêmes des arguments qui ne soient point suspects. Les poésies d’Homère, sa naissance, le temps où il a vécu, ont été l’objet des investigations de vos auteurs les plus anciens, tels que Théagène de Rhége, qui vivait sous le règne de Cambyse ; Stésimbrote de Thasso, Antimaque de Colophon, Hérodote d’Halycarnasse, et Denys d’Olynthe. Après eux encore, Éphore de Cumes, Philocore d’Athènes ; les péripatéticiens Megaclide et Chaméléon : puis les grammairiens Lénodote, Aristophane, Callimaque, Cratès, Ératosthène, Aristarque, Apollodore. Parmi ces auteurs, Cratès prétend qu’Homère a vécu avant le retour des Héraclides, environ quatre-vingts ans après la guerre de Troie ; Ératosthène prétend qu’il a vécu cent ans après la prise d’Ilion. Aristarque le fait paraître lors de l’émigration ionienne qui arriva cent-quarante ans après la guerre de Troie ; Philochore, après l’émigration ionienne, pendant qu’Archippe était archonte à Athènes, et cent quatre-vingts ans après la guerre de Troie ; Apollodore dit qu’il a vécu cent ans après l’émigration ionienne, c’est-à-dire deux cent quarante ans après la guerre de Troie. Quelques-uns ont prétendu qu’il vivait quatre-vingt-dix ans avant les Olympiades, c’est-à-dire, trois cent dix-sept ans après la prise de Troie. D’autres le rapprochent encore davantage de nous, et prétendent qu’il fut