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turpitudes d’Éphestion, quoique Philon ait parfaitement reproduit ses traits ? Pourquoi honorez-vous la statue de Cynédus, à cause de Ganimède son auteur ? Praxitèle a fait aussi une femme nommée Spilumène. Il eût bien mieux valu abandonner toutes ces monstruosités pour rechercher ce qui est beau et grand ; il eût bien mieux valu renoncer aux sacriléges inventions de Philénide et d’Éléphantide, que d’avoir en horreur nos lois et nos institutions.

XXXV. Ce que je viens de vous exposer, ô Grecs ! je ne le tiens point d’un autre, moi qui ai parcouru plusieurs contrées, qui ai étudié vos doctrines et qui ai cultivé les arts et les sciences ; moi enfin qui, étant resté longtemps à Rome, ai pu voir dans cette ville les diverses statues qui y ont été transportées du milieu de vous. Car je ne cherche point, comme la plupart des philosophes, à confirmer mes paroles par les opinions d’autrui ; et je n’écris que ce que j’ai vu de mes propres yeux. Ayant donc renoncé à la vaine jactance des Romains, aux froids discours des Athéniens et à tant de systèmes mal conçus, j’ai embrassé notre philosophie que vous appelez barbare. J’avais déjà commencé à vous démontrer combien elle surpasse vos institutions par son antiquité ; mais la digression que je viens de faire m’en ayant détourné un instant, je vais reprendre la suite de mon discours. Que notre érudition ne vous blesse point ; et ne cherchez pas à nous réfuter en disant : « Ce Tatien qui s’élève au-dessus des Grecs et d’une multitude de philosophes n’est qu’un nouveau sectateur de la doctrine des barbares. » Qu’y a-t-il, en effet, d’étonnant qu’un de vos semblables vous instruise, vous dont l’ignorance est manifeste ? Quelle absurdité y a-t-il à apprendre toujours en vieillissant, comme le disait un de vos sages ?

XXXVI. J’accorde qu’Homère ait vécu pendant le siége de Troie, qu’il fût contemporain de cette guerre et qu’il ait combattu avec Agamemnon ; qu’il ait enfin existé, si l’on veut, avant l’invention des lettres. Il est évident que Moïse est antérieur à la ruine de Troie d’un grand nombre d’années, puisqu’il a précédé la construction d’Ilion, et le règne de Tros et de Dardanus. Pour le prouver, j’invoquerai le témoignage des Chaldéens, des Phéniciens et des Égyptiens. Qu’ajouterai-je de plus ? Celui qui veut persuader doit par-dessus tout être clair et court. Bérose, prêtre de Bélus chez les Babyloniens, qui fut le contemporain d’Alexandre, et qui, sous le règne du troisième Antiochus, son successeur, écrivit en trois livres l’histoire des Chaldéens et les hauts faits de leurs rois ; Bérose, dis-je, fait mention d’un de ces princes nommé Nabuchodonosor,