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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/309

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d’adorer Auguste après sa mort, Caligula se fit dieu de son vivant ; et, par une juste offrande, on lui immola des victimes humaines. Un Romain qui, pendant une maladie de Caligula, s’était dévoué pour la santé du prince, fut pris au mot, avec un sérieux barbare : on le promena dans les rues de Rome, et on termina le sacrifice en le précipitant du roc Tarpéien. Dans le reste du monde soumis à la puissance romaine, l’instinct religieux n’était pas moins profané : les tyrans de Rome avaient partout des temples.

Cependant, il faut avouer que la civilisation romaine avait en diverses contrées rendu le culte public moins barbare. Ainsi, dans les Gaules et la Germanie, les sacrifices humains avaient cessé, et César, qui se vantait d’avoir fait périr deux millions d’hommes sur le champ de bataille, avait du moins interdit aux druides de verser le sang humain[1]. Rome garda la même politique au dehors ; Tibère lui-même abolit en Afrique les restes d’un culte où l’on immolait des hommes ; il fit mettre en croix les sacrificateurs. S’il faut en croire un énergique accusateur du polythéisme, Rome conserva jusqu’au second siècle de notre ère l’usage d’immoler chaque année un homme à Jupiter Latialis. Cependant, un sénatus-consulte de l’an 657 de Rome avait défendu tout sacrifice de victimes humaines ; et, sous les empereurs, le polythéisme, en devenant plus vil, ne devint pas plus cruel.

Tibère acheva de faire disparaître des Gaules les druides, qui, malgré les défenses de Rome, sacrifiaient encore des hommes à leur dieu Teutatès, et qui avaient peut-être, aux yeux des Romains, le tort plus grave d’entretenir par leur fanatisme l’humeur belliqueuse des habitants. Le gouvernement de Rome proscrivit ou humanisa tous ses cultes ; et, sous le règne de Vespasien, Pline le naturaliste donnait cet éloge à ses concitoyens : « On ne peut assez apprécier quelle reconnaissance on doit aux Romains, pour avoir fait disparaître

  1. Ainsi la domination de Rome fut un bienfait pour le monde, tant il était tombé dans la barbarie.