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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/313

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gens qui étudiaient la philosophie ne croyaient pas à l’existence des dieux. Ainsi cette incrédulité, qui n’avait d’abord été qu’un paradoxe des épicuriens, était devenue l’opinion de toutes les sectes divisées de principes et de systèmes, mais uniformes dans leur mépris pour le culte populaire.

Athènes subjuguée n’était plus qu’une ville d’études et de plaisirs, où l’on raisonnait incessamment sur toutes les questions philosophiques. Avec ses lois, elle avait perdu son ancienne intolérance ; on n’entendait plus parler des jugements de l’Aréopage, ni des sentences des Eumolpides.

Elle n’en semblait pas moins la métropole de l’idolâtrie par la perfection de tant de chefs-d’œuvre consacrés dans son sein au culte des dieux. Le polythéisme y paraissait plus épuré que dans le reste du monde ; il n’y contrariait pas autant la morale et la conscience. Pour repousser l’établissement des jeux des gladiateurs dans Athènes, le philosophe Démonax n’eut besoin que d’invoquer cet autel de la clémence, placé sous les yeux des concitoyens, et célèbre dans leur histoire. L’apôtre même du Christianisme trouva dans Athènes un asile pour son culte, auprès de ces autels élevés aux dieux inconnus. Cependant, depuis le commerce plus fréquent de la Grèce avec l’Égypte, et depuis la conquête macédonienne, les invasions du culte étranger s’étaient multipliées dans Athènes. Le théâtre, autrefois, dans sa cynique liberté, surveillait la religion comme tout le reste, et Aristophane avait fait justice de quelque dieu grossier, venu de Thrace, ou de Phrygie ; mais, sous le pouvoir de la Macédoine, sous la protection des rois d’Égypte, et plus tard sous le joug de Rome, cette liberté du théâtre avait disparu. Un temple de Sérapis avait été élevé dans Athènes par complaisance pour les Ptolémées.

D’autres monstres d’Égypte, et enfin les empereurs de Rome, eurent aussi leurs monuments dans la cité de Minerve ; mais l’Athénien regardait avec mépris ces apothéoses barbares ou serviles, en les comparant aux chefs-d’œuvre de la vieille idolâtrie consacrée par Phidias ; et le philosophe éclectique, qui mêlait à la fois la sublime morale, l’enthousiasme allégorique