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de tout ce qui se disait, s’enseignait, se pratiquait dans les écoles de la philosophie comme dans les mystères de la religion païenne ; une science profonde des lois, des coutumes, des mœurs.

Et tous ces précieux avantages la Providence en fait autant d’armes victorieuses qu’elle retourne contre l’erreur au profit de la vérité.

Quel intérêt s’attache à leurs éloquents plaidoyers ! Tout leur est connu : la philosophie avec tous ses systèmes, le paganisme avec toutes ses absurdités, et le Christianisme avec son ensemble si parfait dans son unité. Ils présentent toutes les pièces du procès : d’une part, l’idée la plus sublime, la plus majestueuse, la plus digne qu’on pût se faire de la Divinité ; de l’autre, tout ce qu’on peut imaginer de plus absurde, de plus indécent, de plus propre à la dégrader. D’une part, les notions les plus saines, les plus liées, les plus consolantes pour la raison ; de l’autre, des fables dénuées de tout fondement, de toute vraisemblance, de tout bon sens. D’un côté, la sagesse de Dieu dans le gouvernement de ses créatures, dans les lois qu’il leur impose, dans la fin à laquelle il les destine ; de l’autre, le déplorable abandon des hommes jetés sur la terre comme au hasard, sans connaissance de leur origine, de leurs devoirs, de leurs destinées. Ici l’admirable spectacle des vertus les plus pures, les plus héroïques et les plus capables de rapprocher l’homme de la Divinité : là, le spectacle révoltant des vices les plus grossiers, des passions les plus brutales et des excès monstrueux qui font descendre l’homme au-dessous de la brute.

Voilà le rapprochement, la comparaison qu’ils se plaisent à faire. On ne doit pas s’étonner de les trouver tous sur ce même fond d’idées. C’est ce contraste qui les avait surtout frappés et amenés à la vérité ; et c’est en le reproduisant qu’ils cherchent à éclairer ceux dont ils partageaient les erreurs ; qu’ils ouvrent les yeux aux uns, qu’ils imposent silence aux autres, et qu’ils multiplient les glorieuses conquêtes du Christianisme.

Et quel succès ne devaient-ils pas obtenir, lorsque le génie venait embellir la raison, et avec de nouveaux charmes lui prêter de nouvelles forces ! Ces réflexions se sont présentées naturelle-