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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/333

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ment à propos d’Athénagore, qui nous offre toute la saine raison de saint Justin, mais parée de toutes les richesses de l’éloquence et du génie. Il était lié d’inclination, d’étude et de dévoûment à la cause du Christianisme avec le saint martyr. Il lui fut associé par les villes grecques devenues chrétiennes, dans la députation qu’elles adressèrent pour leur défense aux empereurs Marc-Aurèle et Commode. Quelle différence entre ces deux philosophes et les Carnéade, les Critolaüs que ces mêmes villes envoyèrent trois siècles auparavant près du Sénat romain. Il ne s’agit plus de fixer les bornes du territoire d’une ville ou d’une bourgade. Ici se plaide la cause de l’humanité tout entière.

Nous regrettons de ne savoir d’Athénagore que ce que nous apprennent les titres de ses écrits ; c’est-à-dire qu’il était Athénien, qu’il vécut sous Marc-Aurèle ; que de philosophe païen il devint zélé défenseur du Christianisme. On ne doit pas s’étonner de cette lacune dans l’histoire de l’Église, si on songe aux pertes qu’elle fit d’une partie de ses monuments les plus précieux pendant les ravages des persécutions et par les inondations des peuples barbares dans toutes les parties de l’empire. Baronius le met au nombre des saints martyrs de l’époque de Marc-Aurèle. Les raisons qu’il apporte sont assez plausibles.

On sait que sous ce règne, où la philosophie semblait assise sur le trône, l’animosité des peuples contre le nom chrétien, et la servile complaisance des magistrats n’en multipliaient pas moins les édits de persécution. C’est à l’occasion de ces édits de sang que le philosophe Athénagore vint plaider près de l’empereur la cause des opprimés. À défaut de détails historiques, nous aurons recours à ses écrits pour apprendre à le connaître. Son Apologie à l’empereur Marc-Aurèle, et son Traité sur la résurrection des morts, les seuls ouvrages qui nous restent de lui, nous offriront des preuves incontestables de sa force d’âme, de la beauté de son génie, de sa brillante éloquence et de sa vaste érudition.