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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/343

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différents ; ce n’est qu’entre les êtres créés et conformes à un modèle que peut se trouver quelque ressemblance ; il n’en peut exister aucune entre des êtres incréés, parce que, ne sortant point d’un autre, ils n’ont point été formés sur lui. On dira peut-être que ces dieux étaient unis de manière à former les parties d’un seul et même tout, à peu près comme la main, l’œil, le pied et les autres parties du corps ne forment qu’un seul animal. Oui, s’il s’agissait d’un homme, de Socrate, par exemple, on pourrait dire qu’il est divisible et composé de plusieurs parties ; mais Dieu est incréé, impassible, inaltérable : dès lors il n’est sujet à aucune division ; mais si ces dieux vivent séparés, comme le Dieu créateur du monde est dans son ouvrage, au-dessus et autour de son ouvrage, où sont donc les autres dieux ?

Car si le monde, puisqu’il est rond, se compose de sphères célestes, le créateur du monde remplit nécessairement son ouvrage, pour étendre à toutes les parties les soins de sa providence, où sera donc la place d’un autre dieu ou de plusieurs autres dieux ? Assurément elle n’est point dans le monde, puisque c’est le séjour d’un autre ; ni autour du monde, car le Dieu, créateur du monde, est au-dessus du monde. Si donc elle n’est ni dans le monde, ni autour du monde (puisque le créateur occupe toutes les parties de cette circonférence), où donc sera-t-elle ? Est-ce hors du monde et de Dieu ? Est-ce dans un autre monde, ou autour d’un autre monde ? Mais si cet autre Dieu est dans un autre monde, ou autour, il n’est pas autour de nous ; il ne règne pas sur nous ; dès lors son pouvoir n’est pas infini, puisqu’il est circonscrit dans un lieu déterminé. Si donc il n’est ni dans un autre monde (puisqu’il existe déjà un Dieu qui remplit tout), ni autour d’un autre monde (puisque ce Dieu occupe tout), il s’ensuit qu’il n’existe nullement, puisqu’il ne lui reste aucun lieu qu’il puisse habiter. Quand même on le supposerait quelque part, que serait-il, puisque le monde est en la possession d’un autre, et que lui-même, placé au-dessus du créateur du monde, ne serait ni dans le monde, ni autour du monde ? Il n’est assurément aucun