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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/347

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nous avons choisi un genre de vie méprisé de la multitude, mais plein d’humanité et de modération. Nous ne craignons rien sur la terre, pas même la mort, persuadés que nous sommes que rien ne peut être comparé aux biens que nous recevrons dans le Ciel, des mains du souverain juge, en récompense d’une vie toute de sagesse, de vertu, et employée à faire le bien. Platon prétend que Minos et Rhadamanthe jugeront et puniront les méchants ; et nous, nous disons : Ce Minos et ce Rhadamanthe, et même leurs pères, s’ils existent, personne en un mot n’échappera au jugement de Dieu. Quoi ! on regardera comme vertueux des hommes dont la maxime ordinaire est celle-ci : « Mangeons et buvons, car nous mourrons demain ; » des hommes qui ne voient rien au delà du tombeau, qui croient que la mort est un sommeil profond, un oubli éternel de tout (car le sommeil et la mort sont jumeaux, a dit un poëte) ! Et nous qui méprisons cette vie passagère, et qui ne tendons à la félicité éternelle que par la foi en un seul Dieu, en son Verbe ; sachant quelle est l’union du Fils avec le Père, quelle est la communication du Père avec le Fils, ce que c’est que le Saint-Esprit ; quelle est l’intime union des trois personnes, c’est-à-dire de l’Esprit, du Fils et du Père, et leur distinction dans leur unité ; nous qui savons que la vie que nous attendons est au-dessus de toute expression ; que nous ne pouvons y arriver qu’en nous conservant purs et irréprochables, et qui ne nous bornons pas seulement à aimer nos amis ; car, dit le Sauveur, « si vous aimez ceux qui vous aiment, et si vous prêtez à ceux qui vous prêtent, quelle récompense aurez-vous ? » Nous qui épurons tous les jours notre vertu, et qui vivons de manière à n’avoir rien à redouter du souverain juge, on nous regarde comme des impies ! Des raisons graves et nombreuses que nous pourrions citer, nous en détachons quelques-unes d’un faible poids, pour ne point trop fatiguer votre attention. Ceux qui goûtent du miel ou du lait peuvent juger sur une petite partie de la bonté du tout.

XIII. Cependant, comme la plupart de ceux qui nous accusent d’athéisme n’ont pas la plus légère connaissance de