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soient faits de chair, mais du moins qu’ils soient supérieurs à la colère, à la fureur ; qu’on ne voie pas Minerve :

« Enflammée contre Jupiter son père, car elle était entrée dans une violente colère. »

Que Junon ne nous présente point un pareil spectacle :

« La fille de Saturne ne put contenir dans son cœur son ressentiment, mais elle parla. »

Que la douleur ne puisse les atteindre, et qu’on n’entende pas Jupiter s’écrier amèrement :

« Ô douleur ! Je vois fuir de mes propres yeux, autour des remparts, un guerrier qui m’est bien cher, et mon cœur en est brisé. »

Je dis même qu’il y a faiblesse, déraison dans l’homme, à se laisser vaincre par la colère et la douleur.

Que penser donc, quand je vois le père des hommes et des dieux pleurer son fils et le regretter en ces termes :

« Infortuné que je suis ! le cruel destin fait tomber Sarpédon, le plus cher de mes guerriers, sous les coups de Patrocle, fils de Ménétiade ? »

Que dirai-je, quand il ne peut, avec toutes ses lamentations, l’arracher à la mort :

« Sarpédon est fils de Jupiter, et son père lui-même ne vient point au secours de son fils ? »

Qui ne se récriera contre la folie de ces hommes qui viennent, sur la foi de pareilles fables, établir leur respect pour la Divinité, ou plutôt leur athéisme ? Encore une fois, que ces dieux aient un corps, si vous le voulez, mais que ce corps soit invulnérable, et que je n’entende pas Vénus, atteinte par le fer de Diomède, s’écrier :

« Le fils de Tydée, le superbe Diomède, m’a blessée. »

Que son cœur ne le soit point par le dieu Mars :

« Vénus, fille de Jupiter, dit Vulcain, me déshonore toujours, et elle aime le cruel Mars. »

Que Mars lui-même ne se plaigne point des coups de Diomède :

« Il a, dit-il, déchiré mon beau corps. »