Aller au contenu

Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/368

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mons ; ce n’est point Dieu qui pousse à des actes contre nature.

« Si le démon, a dit un poëte, prépare aux mortels quelque chose de funeste, il commence d’abord par altérer la raison. »

Mais Dieu, qui est souverainement bon, est toujours bienfaisant ; autres sont les êtres qui agissent par ces statues, autres ceux à qui on élève ces statues ; Troie et Paros vous en offrent une preuve incontestable : l’une possède les statues de Neryllinus, qui a vécu de notre temps, et l’autre conserve celles d’Alexandre et de Protée. Le tombeau et l’effigie d’Alexandre sont encore sur la place publique ; quant aux statues de Neryllinus, la plupart ne servent que d’ornement (si c’est là toutefois un ornement pour une ville). Il en est une cependant à laquelle on attribue la vertu de rendre des oracles et de guérir les malades : aussi voit-on les habitants du lieu lui offrir des sacrifices, la couvrir d’or et la couronner de fleurs. Mais voyons ce qui concerne les statues d’Alexandre et de Protée : ce dernier, ainsi que vous le savez, s’élança lui-même dans les flammes près d’Olympie ; on dit que sa statue rend encore des oracles ; quant à celles d’Alexandre, dont un poëte a dit :

« Malheureux Pâris, d’une beauté si rare et d’une fureur si effrénée pour les femmes ! »
on leur consacre, comme à un Dieu favorable, des jours de fêtes, on leur offre des sacrifices dont l’état fait les frais. Or, je vous le demande, est-ce donc Neryllinus, Protée et Alexandre qui agissent dans ces statues, ou bien est-ce la nature de la matière dont elles sont faites ? Mais la matière n’est autre chose que de l’airain. Or, que peut par lui-même un vil métal auquel il est si facile de faire prendre une autre forme, comme fit Amasis qui, selon Hérodote, convertit un Dieu en un bassin ? et que peuvent faire de mieux pour les malades et Neryllinus, et Protée, et Alexandre ? Chose particulière, la statue de Neryllinus opérait de son vivant, et lorsqu’il était malade, les prodiges qu’elle fait aujourd’hui, c’est-à-dire qu’elle guérissait les malades ; que ne le guérissait-elle lui-même ?

XXVII. Dès lors que faut-il penser des effets attribués aux sta-