Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/367

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’éternelle raison. Mais parce que les démons, rivalisant d’efforts pour s’opposer à la sagesse de Dieu, excitent dans le monde ce trouble et ce désordre dont nous avons parlé, agitent les hommes de différentes manières, soit séparément ou tous ensemble, en particulier et en public, au dedans et au dehors, selon les rapports qui les unissent avec la matière et avec Dieu, quelques philosophes, dont l’autorité n’est point à dédaigner, ont pensé qu’aucun ordre ne présidait à cet univers, mais qu’il obéissait aux caprices d’un hasard aveugle. En cela, ils n’ont point vu qu’il n’est rien de désordonné ou d’abandonné au hasard dans l’administration du monde, mais qu’au contraire tout est conduit avec sagesse, et que rien ne s’écarte de l’ordre établi.

L’homme lui-même, si nous le considérons par rapport à son auteur, ne peut sortir de l’ordre que Dieu a prescrit pour la reproduction : la loi est une, et la même à l’égard de tous, soit pour la disposition des membres et la conformation du corps, elle ne change jamais ; soit pour le terme de la vie ; il est commun à tous les hommes, il leur faut tous mourir. Sous le rapport de la raison, il en est autrement : nous avons tous la faculté de raisonner, il est vrai, mais le prince du monde matériel et les démons, ses suppôts, agissent sur cette faculté en mille manières différentes.

XXVI. Voulez-vous donc connaître ceux qui entraînent les hommes aux pieds des idoles : ce sont les démons dont nous avons parlé, ils sont altérés du sang de leurs victimes et s’en repaissent ; ces dieux eux-mêmes, si agréables à la multitude, et dont les noms ont été imposés aux statues, que furent-ils autre chose que de simples mortels, comme le prouve leur histoire ? ou plutôt ne peut-on pas prouver par les œuvres que ce sont réellement des démons qui ont emprunté des noms d’hommes ? Les uns commandent la mutilation comme Rhéa ; d’autres, frappent et blessent comme Diane ; les habitants de la Taurique vont même jusqu’à égorger leurs hôtes.

Je ne parle pas de ceux qui se déchirent eux-mêmes avec des fouets ou des couteaux, et des différentes espèces de dé-