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foule de conséquences absurdes qui en découlent, cet affreux abîme de l’athéisme. Mais si le corps seul périt, si chacune de ses parties se dissout et retourne à ses éléments primitif, tandis que l’âme subsiste par elle-même, incorruptible de sa nature, en ce cas il ne peut encore y avoir de jugement, ou s’il y en a un, il ne sera pas équitable. Mais c’est un crime de supposer qu’un jugement émané de Dieu puisse être injuste. Or, je vous le demande, où serait la justice de ce jugement, si celui qui a fait le bien ou le mal n’est pas là ? En effet, c’est à l’homme, et non point à l’âme seule, qu’il faut attribuer les actions de la vie soumises à ce jugement. Pour tout dire, en un mot, un jugement semblable est inique sous tous les rapports.

XXI. Si le bien est récompensé, il y aura évidemment injustice envers le corps qui a partagé les combats livrés pour la vertu, sans entrer en partage de la récompense que méritent ces combats ; il y aura injustice à ce que l’âme reçoive le pardon de certains péchés, en considération des misères et des exigences du corps, sans associer ce même corps aux récompenses pour lesquelles ils ont combattu de concert pendant la vie. Mais si le mal est puni, voilà les intérêts de l’âme lésés, puisqu’elle porte seule la peine des fautes commises à l’instigation du corps, et pour s’être trop facilement laissée entraîner aux mouvements déréglés de cet allié incommode, tantôt par surprise et par séduction, tantôt par une espèce de violence, quelquefois par faiblesse pour ce corps, dont la conservation la rendait trop prodigue de soins et de complaisances. Quelle injustice de punir cette âme pour des fautes qui ne tenaient pas à sa nature, et vers lesquelles aucune affection, aucun mouvement déréglé ne la portait ; telles que la débauche, la violence, l’avarice, et tous les crimes qui en découlent ? Si l’âme ne s’en rend coupable que dans le tumulte et le trouble où jettent des passions qui ne sont pas réprimées, et si ces passions n’ont leur source que dans les exigences du corps, dont on flatte trop les caprices ; si les idées de jouissance temporelle, de mariage, de commerce et de tant d’autres choses dont on peut abuser, et qui donnent