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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/455

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nous une image du monde. Comme la mer, que l’action du soleil et le sel qu’elle contient aurait desséchée depuis longtemps, si elle n’était continuellement entretenue par l’eau des fleuves et des fontaines, le monde eût péri il y a déjà des siècles, par la malice et les crimes sans nombre du genre humain, s’il n’avait eu pour le sauver la loi de Dieu et les prophètes, d’où jaillissent et découlent la mansuétude, la miséricorde, la justice et les divins préceptes de la parole de vérité. De même qu’au milieu des mers on rencontre des îles habitables où le matelot, battu par la tempête, trouve de l’eau, des fruits et un port assuré, ainsi Dieu a donné au monde, où l’iniquité soulève tant de flots et de tempêtes, des synagogues, c’est-à-dire de saintes Églises, qui sont autant d’îles fortunées, munies d’heureux ports, où se conserve la saine doctrine, et où viennent se réfugier les amis de la vérité, les hommes qui désirent faire leur salut et éviter la colère et le jugement de Dieu. De même encore qu’il est d’autres îles couvertes de rochers et de bêtes féroces, où l’on ne trouve ni eau, ni fruits, ni habitants, contre lesquelles viennent se briser les navires des malheureux navigateurs, et où périssent tous ceux qui veulent y aborder, ainsi en est-il des doctrines de l’erreur ; je veux parler des hérésies qui donnent la mort à tous ceux qui viennent s’y réfugier, car ils n’ont plus la vérité pour guide comme les pirates qui poussent contre les écueils pour faire couler à fond les vaisseaux qu’ils ont dépouillés, l’erreur perd entièrement ceux qui se sont éloignés de la vérité.

XV. Le quatrième jour, Dieu créa les corps lumineux ; sa prescience lui faisait voir d’avance les puérilités des philosophes, qui, pour effacer son souvenir de tous les esprits, devaient dire un jour que la terre tirait des astres sa fécondité. Aussi a-t-il créé les plantes et les semences avant les corps lumineux, afin que rien ne pût obscurcir pour nous la vérité. Car un être postérieur à un autre ne peut produire celui qui le précède. Toutefois ces corps célestes sont le symbole d’un grand mystère : le soleil est l’image de Dieu, et la lune l’image de l’homme. De même, en effet, que le soleil l’emporte de beaucoup sur la