Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/489

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tres qui s’y commettent ? Nous ne devons pas non plus nous trouver aux autres spectacles, dans la crainte de souiller nos yeux et nos oreilles, par tout ce qu’on y voit et tout ce qu’on y entend. Si vous parlez de repas abominables, là, en effet, les enfants de Thyeste et de Térée sont dévorés ; si vous parlez d’adultère, c’est là qu’on représente, sur la scène, non-seulement des hommes, mais même des dieux souillés de ce crime, et leurs débauches sont célébrées par des voix mélodieuses et mercenaires. Loin de nous, loin de l’esprit des Chrétiens de semblables horreurs ! La tempérance habite parmi eux, ils honorent la continence, ils respectent le mariage, ils gardent la chasteté ; l’injustice est proscrite, le péché détruit, la justice pratiquée, la loi accomplie ; on rend à Dieu le culte qui lui est dû et on célèbre ses louanges ; la vérité domine, la grâce conserve, la paix met en sûreté ; la parole sainte conduit, la sagesse enseigne, la véritable vie est connue, et Dieu règne. Je pourrais m’étendre encore davantage sur nos mœurs, sur les attributs du Dieu que nous adorons. Mais ce que j’en ai dit suffira pour vous inspirer la curiosité de connaître et d’étudier à fond notre doctrine. Et vous le pouvez facilement ; soyez désireux d’apprendre, comme vous l’avez toujours été jusqu’ici.

XVI. Mais venons maintenant à la question des temps : je veux, Dieu m’aidant, l’examiner attentivement avec vous, afin que vous compreniez que notre doctrine n’est ni nouvelle, ni mensongère, mais qu’elle est bien plus ancienne et plus vraie que tout ce que nous ont transmis vos poëtes et vos historiens. Rien de plus incertain que tout ce qu’ils ont dit. Les uns, en effet, ont prétendu que le monde était incréé et qu’il avait existé de tout temps ; d’autres conviennent qu’il a été créé, mais ils lui donnent une existence de cent cinquante-trois mille soixante-quinze années. Voilà ce que nous dit l’Égyptien Apollonius : Platon lui-même, qui paraît avoir été le plus sage des Grecs, dans combien de puérilités ne s’est-il pas égaré ? Voici ce que nous lisons dans son livre intitulé les Cités : « Comment, si le monde a toujours existé, ainsi qu’il est aujourd’hui, comment aurait-on découvert ensuite des choses