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des autres que des fragments. Cet écrivain, né d’une famille grecque et chrétienne, apparemment de l’Asie mineure, florissait précisément en même temps que les principales écoles des gnostiques. L’un des hommes les plus marquants de son siècle, soit par sa dignité épiscopale, soit par son génie et son érudition, il connaissait également bien le Christianisme apostolique, les sectes principales, les écoles gnostiques, les traditions de la mythologie et les écrits des philosophes. Il avait reçu de saint Polycarpe et de saint Papias, disciples de saint Jean, la tradition chrétienne. Il était plein de zèle pour la pureté de cette doctrine, et il ne s’éleva guère d’enseignement nouveau de son temps, qu’il ne s’en instruisît aussitôt pour pouvoir mieux le combattre. Dans les discussions suscitées par les montanistes, ce fut lui qui chargea la communauté lyonnaise de porter ses lettres à Rome ; quand Blastus se prononça pour la coutume que suivait l’orient dans la célébration de Pâques, ce fut lui qui le réfuta ; lorsque, plus tard, le même docteur embrassa le système de Valentin, ce fut lui qui attaqua ce système dans son principe fondamental, le dogme de l’ogdoade. Lorsqu’enfin Marcion vint prétendre que les apôtres avaient mal entendu leur maître, et que leurs élèves avaient altéré les écrits apostoliques, ce fut encore lui qui entreprit de montrer quelle était la véritable doctrine des Chrétiens. Il avait l’avantage de bien connaître les anciens poètes et les philosophes, ainsi qu’on le voit par ses citations et par ses révélations sur les emprunts faits à l’antiquité par les gnostiques.

« Tertullien avait donc raison de l’appeler un avide