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contraires aux leurs, soit qu’ils eussent puisé leurs idées dans Platon, dans Philon, dans le Zend-Avesta ou dans la Kabbale, ils avancèrent hardiment que les Épîtres des apôtres ou les Évangiles avaient été tronqués, interposés ou falsifiés. Tels furent les gnostiques ou les initiés de la science supérieure, et leur doctrine ne fut autre chose que l’introduction dans le sein du Christianisme de toutes les spéculations cosmologiques et théosophiques qui avaient formé la partie la plus considérable des anciennes religions de l’orient. Émanation du sein de Dieu de tous les êtres spirituels, dégénération progressive de ces émanations, rédemption et retour vers la pureté du Créateur, rétablissement de la primitive harmonie de tous les êtres, vie heureuse et vraiment divine de tous dans le sein de Dieu ; voilà les enseignements fondamentaux des gnostiques.

« Les sectes des gnostiques furent les spéculations de l’Asie, de l’Égypte et de la Grèce, qui, renversées par le Christianisme, cherchèrent à lutter avec leur vainqueur, en s’associant même avec lui pour mieux réussir à l’abattre. Elles furent préparées par le zoroastrisme, se communiquant au judaïsme et enfantant la kabbale ; le judaïsme s’associant avec les doctrines platoniques, et produisant la philosophie gréco-philonienne. Enfin les élèves de ce système entrèrent dans le Christianisme en lui apportant une partie de leur langage.

« Le plus ancien antagoniste des gnostiques est saint Irénée, qui a publié contre eux un ouvrage étendu et savant en cinq livres, dont le premier seul nous est parvenu intégralement, tandis que nous ne possédons plus