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fection de son origine, que diviser le temps en espaces et en nombres, croyant, en entassant année sur année, représenter l’éternité. Il se trompa ; quand la vérité se fut éloignée de lui, l’erreur s’empara de son œuvre, qui ne doit point durer au delà des bornes limitées du temps.


CHAPITRE XVIII.


Abus monstrueux que fait Marcus des prophètes. L’homme est l’image de l’Ogdoade. Le soleil est aussi la révélation extérieure de la quaternité. Preuves de la décade et de la duodécade.


Voilà leurs inventions sur l’origine des choses : inventions qui changent suivant les caprices et les dispositions de leur imagination. Les plus considérés parmi eux sont ceux qui excellent dans l’art de mentir et d’inventer des chimères. Je vais montrer ici, par quelques exemples, l’abus monstrueux qu’ils font des prophètes, quand ils veulent en étayer leur science. Moïse, disent-ils, montre dans la Genèse les quatre principes, au commencement de la création. « Au commencement, dit le prophète, Dieu créa le ciel et la terre. » Ces quatre noms : Dieu, le commencement, le ciel, la terre, symbolisent leur quaternité. Pour l’invisible et le caché, Moïse l’indique encore par ces paroles : « La terre était invisible et sans forme. » Mais voici que le prophète, en nommant l’abîme, les ténèbres, l’eau et l’esprit, porté sur les eaux, désigne la seconde quaternité engendrée par la première ; puis voici de plus un signalement évident de la décade, quand il a nommé les objets suivants : le jour, la nuit, le firmament, le soir, ce que nous appelons le matin, la terre aride, la mer, l’herbe, et enfin le bois. Ces dix expressions symbolisent les noms des dix Æons. Voici pour la duodécade : le soleil, la lune, les étoiles, les temps, les années, les poissons, les serpents, les oiseaux, les quadrupèdes, les bêtes féroces, et enfin l’homme : l’homme, l’image vivante de la haute puissance, et possédant une émanation de la force primitive.